Mais à quoi donc peut bien servir cette barrière ???
Un regard averti aura immédiatement remarqué que cette barrière a été posée à l’envers !
Sur toutes les routes de France et de Navarre, la partie horizontale est placée du côté de la circulation pour des raisons évidentes de sécurité… Ici, des considérations que certains prétendent d’ordre esthétique auraient conduit à ce positionnement original et sans doute unique !
Si ce n’est donc pas la sécurité qui est recherchée, alors de quoi s’agit-il ???
Hypothèse 1 : les nombreux randonneurs qui descendent de la tour de Castelblancat en VTT, souvent surpris par la redoutable « Costa d’arrigua pets », au demeurant fort mal indiquée dans le sens de la descente, trouveront dans cette barrière une aide précieuse pour éviter de se retrouver directement dans la poubelle située judicieusement en contrebas.
Hypothèse 2 : cet élégant garde-fou a été placé là pour mesurer la capacité d’indignation des habitants de ce modeste village, ou bien pour tester leur sensibilité à la robustesse conjuguée du béton armé et du bois ferraillé.
Hypothèse 3 : les promoteurs de cet équipement, spécialistes des ouvrages d’art, ont fait ici le choix d’une réalisation purement artistique en plaçant dans un lieu au risque inexistant un dispositif de très haute sécurité dont seuls les alpinistes, ces conquérants de l’inutile, peuvent peut-être apprécier la beauté…
Le point de vue de Cyrano
Tirade de la barrière
Monsieur, votre barrière est vraiment très grosse…
Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire… Oh! Dieu!… bien des choses en somme.
En variant le ton, par exemple, tenez:
Agressif: » Moi, Monsieur, si j’avais une telle barrière,
Il faudrait sur-le-champ que je la déglinguasse ! »
Descriptif: » C’est un pieu ! c’est un bélier ! c’est une barricade !
Que dis-je, c’est une barricade ?. .. C’est une fortification ! »
Curieux: » De quoi sert cet élégant objet ?
De séchoir, Monsieur, ou bien de cure-nez ? »
Gracieux: » Aimez-vous à ce point les éléphants
Que paternellement vous vous préoccupâtes
De tendre ce perchoir à leurs très grosses pattes ? »
Prévenant: » Gardez-vous, votre vue attirée
Par ce monstre, de tomber en avant sur le sol ! »
Tendre: » Faites-lui faire un petit parasol
De peur que sa couleur au soleil ne se fane ! »
Pédant: » L’animal seul, Monsieur, qu’Aristophane
Appelle Hippocampelephantocamelos
Dût avoir sur les cornes tant de fer sur tant d’os ! »
Cavalier: » Quoi, l’ami, ce gratte-pied est à la mode ?
Pour décrotter ses bottes, c’est vraiment peu commode! » ,
Emphatique: » Aucun vent ne peut, barrière magistrale,
Te déraciner toute entière, excepté le mistral ! »
Admiratif: » Pour une dentellière, quelle enseigne ! »
Naïf: » Ce monument, quand le visite-t-on ? »
Respectueux: » Souffrez, Monsieur, qu’on vous salue,
C’est là ce qui s’appelle avoir pignon sur rue! »
Campagnard: » He, arde ! C’est-y une barrière ? Nanain !
C’est queuqu’bâton géant ou ben queuqu’menhir nain ! »
Militaire: » Pointez contre cavalerie ! »
Pratique: » Voulez-vous le mettre en loterie ?
Assurément, Monsieur, ce sera le gros lot! »
Enfin, parodiant Cyrano en un sanglot:
» La voilà donc cette barrière qui des traits de son village
A détruit l’harmonie! Elle en rougit, la sauvage! «