Extraits du site de l’Association des Amis de Castel Blancat
Intentions
L’Association des Amis de la Tour de Castel-Blancat a pour objet le sauvetage, la sauvegarde, l’animation du site de la Tour et sa mise en réseau avec les autres éléments du patrimoine bâti et naturel des vallées du Haut Comminges. L’action et la détermination des membres de l’association doivent permettre d’inclure ce site dans un itinéraire culturel, touristique, reflet de la synergie possible entre des éléments bâtis ( églises romanes peintes, petit patrimoine rural remarquable, mobilier urbain, autres tours « à signaux » …) et des éléments naturels ( parcours botaniques …) .Ce dossier constitue la première étape de son action. Il présente un état des lieux du bâti et témoigne d’une indispensable intervention pour la sauvegarde de ce patrimoine en péril et dangereux …
Légende
Castel-Blancat est le lieu de la légende de Saint Aventin. Emprisonné par les Maures, il s’évada, s’envola dans les airs et retomba en contrebas où l’on voit encore l’empreinte de son pied dans un granit devant la chapelle de Pons. Rattrapé par ses ennemis, il eut la tête tranchée non loin de la chapelle à l’endroit où a été érigée une stèle qui renferme une statuette le représentant avec sa tête entre ses mains.
Description
Très belle construction de pierres prises à la montagne, maintenues par un mortier gris clair très résistant, auquel elle devrait son nom de Blancat, la tour avait encore ses quatre murs en 1880, d’après le témoignage et le dessin de Maurice Gourdon. Elle s’élevait encore à une hauteur de 10 à 12 mètres, et possédait à l’origine quatre étages, surmontés de la plate-forme habituelle. En 1904, vingt-cinq ans plus tard, le mur Ouest manquait totalement et seule subsistait la voûte du premier étage.Castel-Blancat est une des douze tours « à signaux » du haut Comminges qui offraient un système d’alerte collectif contre invasions et pillages, laissant ainsi aux populations locales le temps de se protéger. Cette tour communiquait avec celles d’Oo, de Gouaux, de Sarrat de Soupère.
Éléments historiques
La Tour, du fait de sa construction remonterait au XIIe siècle, âge d’or de la féodalité commingeoise, et, plus qu’une tour « à signaux », elle est le vestige impressionnant d’un ensemble féodal, d’un château dont on devine la triple enceinte à travers les broussailles, bien protégé sur son éperon rocheux par son mur de ronde et ses « castra », petites constructions réservées aux serviteurs et aux soldats.
A l’entrée de la vallée d’Oueil, une des plus belles vallées glaciaires de la zone axiale des Pyrénées, le château de Castel-Blancat veillait sur toute la vallée, entièrement fermée jusqu’à la fin du XIXe siècle.
En effet, de sa création en 979, à son rattachement à la couronne de France sous Charles VII en 1443, le comté de Comminges possédait des châtellenies dans ses hautes vallées. En l’absence du Comte qui ne pouvait aller partout, des châtelains et capitaines gardaient les privilèges comtaux, assuraient la garde, la défense, et l’entretien du château.
Ils avaient en outre la garde des forêts comtales, des droits de chasse et des pouvoirs administratifs et de justice. Ainsi, c’est encore, en 1435, au châtelain de Castel-Blancat qu’est demandé de faire respecter la sauvegarde comtale de la vallée d’Oueil. Un des derniers comtes, Bernard VIII, qui a laissé l’inventaire des châtellenies en 1336, avait accordé en 1316 une charte à Saccourvielle, donnant des privilèges à la création de magistrats municipaux ou consuls. Malheureusement, ces consuls ne surent pas protéger le château qui fut vendu par le dernier châtelain à M. Vidau de Sapène de Trébons, en échange d’argent pour réparer le toit de l’église et creuser un puits communal à Saccourvielle. Depuis cette époque, le château de Castel-Blancat a échappé à la commune de Saccourvielle qui n’a donc pu, jusqu’à ce jour, le sauver de la ruine et du pillage, malgré une tentative en 1893 puis en 1974.
Travaux réalisés en 2000
I – Travaux d’accès pour le transport des matériaux
II – Travaux intérieurs
Terrassements, évacuation et stockage des pierres effondrées des étages à l’intérieur de la tour. Recherche, éventuelle, des anciens sols. Mise en place d’un échafaudage tubulaire, type » entrepose » avec piétement réglable. Celui-ci sera élevé en forme d’étaiement jusqu’à la naissance de la voûte en berceau. Cette dernière sera prise en poids à l’aide de vérins ou à défaut à l’aide de calage sur un cintre en bois. Après s’être assuré de la stabilité de l’étaiement, on pourra débuter le processus de dépose et de stockage des éléments qui composent la voûte. La dépose s’effectuera sur un mètre environ de part et d’autre de l’axe de la voûte en prenant soin de ne pas aller au-delà de ce qui est nécessaire, tout en sachant que les voussoirs restants doivent avoir une stabilité parfaite après le démontage de l’étaiement. Mise en place de tirants métalliques, pour relier la façade Nord à la façade Sud, pour stabiliser la fissure de la façade Est et pour retenir la base de la façade Sud qui s’ouvre dangereusement à sa partie inférieur. La fixation de tirants à travers les murs sera facilitée par de nombreux passages, déjà existants dans l »épaisseur des maçonneries. Le nombre de tirants sera déterminé sur place en tenant compte des désordres que l’on aura pu découvrir suite à l’avancement des travaux.
III – Travaux façade Nord
L’excavation de la partie basse sera reconstruite en pierres assistées, à l’identique des maçonneries existantes, au mortier de chaux grasse, en respectant les mêmes teintes que les mortiers d’origine.
IV – Travaux angle Sud-Est
L’angle Sud-Est, ayant subi une démolition de son parement de pierre, dans sa partie inférieure, sera lui aussi reconstruit en pierres assistées, à l’identique.
V – Travaux tête de mur, angle Sud-Ouest
Après avoir fait les sondages nécessaire pour retrouver les traces d’implantation des maçonneries de l’angle, il est, nécessaire de :
– rebâtir la tête de mur manquant à la partie gauche de la façade Sud
– reconstituer l’angle du mur jusqu’à la hauteur du surplomb de façon à consolider cette partie de maçonnerie qui menace dangereusement la stabilité de l’édifice.
Le retour de façade Ouest sera arrêté de façon irrégulière en s’inspirant du retour gauche de cette même façade. L’ensemble de cette reconstruction est effectué à l’identique.
VI – Façade Est
Elle sera échafaudée jusqu’au faîte du mur de façon à la purger de tout élément instable sur le périmètre supérieur de l’enceinte.
On procédera ensuite à une étanchéité sur toute cette partie à l’aide de mortier de chaux pour prévenir toute infiltration dans les épaisseurs des murs. Grâce à cet échafaudage, il sera possible de boucher superficiellement la fissure verticale de la façade.
On emploiera un mortier de chaux grasse comme au préalable en évitant tout essai de reprise de parement en pierres. Ceci ne ferait que désorganiser l’appareillage actuel.
VII – Façade Ouest
Les deux retours étant marqués et l’intérieur de la tour étant nivelé, au niveau du sol, on procédera au rangement dans ce lieu des pierres de la voûte préalablement déposées et stockées à l’extérieur.
Une fois cette manutention et ce stockage achevés, pour interdire l’accès et éviter le vandalisme à l’intérieur de la tour, une grille sera scellée entre les deux tête de mur dans l’alignement de la façade Ouest. Un portail sera mis en place pour favoriser l’accès à l’intérieur.
A l’issue du chantier, on veillera à la disparition des traces de terrassement et l’environnement de la tour sera réaménagé dans son état d’origine.
Bibliographie
Monographie de la Vallée d’OUEIL de Maurice GOURDON – 1910
Le Néthou : les étapes d’une conquête 1787 – 1842 de Pierre de GORSSE – 1942
Au pays de Luchon : contes et récits de la vallée d’Oueil de Suzanne LABRY – 1995